France Image Logiciel (FIL en abrégé) était un éditeur et distributeur français de logiciels et de jeux vidéo. L'entreprise se fait notamment connaître en adaptant des titres étrangers dont elle se chargeait de la distribution en France et en Italie. Créé en mai 1985 par la CAMIF, Thomson Simiv (filiale de Thomson chargée à l'époque de la vente de micro-ordinateur) et Thomson Answare (du groupe CGE), fila durant ces deux premières années d'existence des jours presque heureux grâce au plan "Informatique pour tous", mis en place par M. Laurent Fabius. Ce plan devait conduire à la mise en place de 120000 ordinateurs dans les écoles. FIL avait été sélectionnée pour réaliser le catalogue des logiciels et les livrer aux établissements scolaires. Conséquence : la société réalisa 70 millions de francs de chiffre d'affaires (sur un total de 80) en 1985 grâce au plan, puis 88 millions de francs (sur 134) en 1986, son bilan étant juste équilibré.
"Cette activité ne nous permettait pas de gagner de l'argent, mais nous pensions qu'elle nous aiderait à donner l'impulsion nécessaire à la création d'un marché et d'une entreprise", assure aujourd'hui le président de la société, M. François Robineau. Car l'objectif de FIL était non seulement de distribuer des logiciels conçus par d'autres, mais aussi de développer une gamme de programmes professionnels devant tourner sur l'ordinateur Thomson TO X, nom de code de la machine qui devait devenir le haut de gamme Thomson... mais qui ne vit jamais le jour, le constructeur ayant décidé de se retirer de ce marché en 1986.
Résolue à ne pas abandonner la partie pour autant, FIL décide alors d'adapter ces programmes pour les rendre à même de fonctionner sur les best-sellers du marché, les micro-ordinateurs IBM PC, et compatibles. Au total, c'est ainsi un investissement de 30 millions de francs que l'éditeur aura consacré au développement de cette gamme de cinq programmes (traitement de textes, tableurs, logiciels graphiques, de gestion de fichiers, et système expert) qui devaient être annoncés le 12 octobre. C'est alors que la CAMIF décida de ne plus jouer le jeu. Pessimiste, elle ramenait à 50 millions de francs le chiffre d'affaires prévu pour 1988, soit la moitié du chiffre estimé précédemment et décidait de passer en charges de recherches et développement ce qui était auparavant considéré comme un investissement. Les comptes de la société se sont alors soldés par une perte de 18 millions de francs pour un chiffre d'affaires de 102 millions de francs en 1987, la mettant en état de cessation de paiement.
"On nous a laissé prendre notre élan, et on nous arrête au moment où nous allions sauter ", se lamente M. François Robineau.
Certes, le marché sur lequel s'était placée la société, avec sa nouvelle gamme de produits, croit de 30% à 60% par an, selon les estimations, mais il est tenu par une poignée de leaders américains, Microsoft, Ashton Tate et Lotus en particulier, qui en couvrent, chacun dans sa spécialité, près de 40 %. La partie n'était donc pas gagnée d'avance.