Loin de l'archétype traditionnel du Shoot'em up horizontal et des univers futuristes à la R-Type, certains jeux ont misé sur l'originalité et ont réussi à se démarquer du lot, souvent brillamment. On y trouve par exemple ce que j'appellerai les shoot'em up écologiste, Apydia et Agony en sont les fers de lance. Alliant souvent graphismes somptueux, réalisation impeccable et bien sûr des musiques envoutantes, pur régal pour les oreilles et qui se fredonnent encore maintenant.
Transformer en Hibou par un esprit (question, mais pourquoi vous en particulier ?) , vous êtes chargé de rétablir la paix en tuant le grand méchant Mentor.
Bien moins représenter aujourd'hui sur consoles ou sur PC, le bon vieux Shoot'em up s'en est allé. C'est difficile à croire mais ce style de jeu était parfois surreprésenté sur les machines 16 bits Amiga et Atari ST en tête. Aujoud'hui il a quasiment disparu. Il a même fait les beaux jours des consoles Megadrive, SNES ou la fabuleuse et onéreuse Neo Geo et son superbe Last Resort. Bien sûr on a encore de temps en temps un ou 2 shoot qui se baladent sur chaque génération de console, R-Type Delta sur PS1, Final R-Type sur PS2 mais une goutte d'eau dans la mare face aux autres catégories. La 2D n'est quasiment plus présente sauf peut être sur quelques rares jeux sortie uniquement en vente dématérialisé sur PC comme Steel Savior, Jets 'N' Guns ou encore Söldner-X.
Même si Agony fut édité et soutenu par Psygnosis dont la qualité des réalisations et l'empreinte laissé dans le monde du jeux n'est plus à discuter, le jeu est surtout l'oeuvre d'un studio Belge : Art & Magic, connu anciennement sous le nom Ordilogic Systems dont le précèdent jeu Unreal sorti en 1990 et édité par Ubi Soft avait déjà fait grand bruit. D'ailleurs les similitudes entre ces 2 jeux sont assez frappantes, un univers heroic-fantasy, des arrières plans dans les tons rose-orangés, de superbes musiques et un scrolling parallaxe du tonnerre.
Aux graphismes on retrouve donc Marc Albinet mais aussi Franck Sauer qui a signé notamment les 6 images de transitions entre les niveaux et d'autres graphismes du jeu. Imaginez 64 couleurs en mode Full Screen, loin des 32 couleurs en 320x200, ces images figurent comme parmis les plus belles que j'ai pu voir sur Amiga. Mais surtout ceux qui ont déjà joué à Agony se souviennent immanquablement de la musique d'introduction jouée au piano. Aussi inoubliable que fut les musiques de Shadow of the Beast ou de Turrican, Tim Wright n'a pas à rougir de ses compositions, réarrangé par Franck Sauer, on touche ici à la perfection, d'ailleurs il a aussi signé les musiques d'Aquaventura et de Shadow of the Beast II et III, une pure merveille pour les oreilles. Pour la programmation on retrouve Yves Golet qui travailla sur Iron Lord, Outcast sur PC ou sur le fameux « Far Cry » de Crytek.
Bon passons le scénario, pour le coup vous êtes aux commandes d'une chouette superbement animés dont la similitude avec le logo de la société Psygnosis n'est certainement pas anodine. Le premier niveau commence en pleine tempête dans une musique vrombissante. La mer est agitée, il pleut des cordes, les décors de premiers plans comme les autres parallax sont très détaillés parfois animés, une licorne en haut d'une falaise, la foudre qui s'abat sur un guerrier qui tend sa lame au ciel, un pont qui se tord ou des flammes qui brûlent un arbre. Tout est fait pour vous en mettre plein la vue et c'est réussi. Le résultat est fabuleux et même si les premiers niveaux sont magnifiques, les 2 derniers niveaux sont un cran au dessus tantôt dans un paysage montagneux et ses chutes d'eau tantôt dans un paysage ravagé par le feu.
Le jeu ne dispose malheureusement que d'un seul niveau de difficulté et autant vous le dire, arriver jusqu'au niveau 6 relève de la prouesse tant il est quasi impossible de pouvoir continuer le jeu après qu'une erreur vous ait faite perdre vos armes. Un système par code pour atteindre les niveaux auraient été le bienvenu. Les armes ne sont pas non plus très variées et quelques parchemins découverts de ci de là pourront vous octroyer temporairement quelques pouvoirs spéciaux. Les ennemis ne sont pas animés y compris les boss de fin de niveaux ce qui nuit grandement au jeu, sans doute le prix à payer face à autant de débauche d'effets.
Reste que si Agony fascine au premier abord à la longue il est un peu trop répétitif dans le déroulement de l'action, les ennemis ne sont pas animés ni les boss (à cause des restrictions des scrollings parallaxe). On aurait aimé quelques plus comme l'écran qui tremble quand on arrive au boss (comme dans Project-X), un niveau avec un scrolling vertical, des choses qui font que le jeu apporte son lot de surprise. Mais Agony est beau et même très beau, et c'est une claque technique détronant même le maître étalon "Shadow Of The Beast". Agony fait partie de ces jeux dont on se souvient pour cela.
Vous vous demandez pourquoi par la suite Art & Magic n'a plus fait parlé de lui sur Amiga? Et bien en 1992 Arts & Magic s'est spécialisé dans les jeux d'arcade. Ainsi en 1993 ils sortent chez Banpresto « Ultimate Tennis » puis «Western Shooting » et « Stone Ball », un jeu de sport assez réussi dans la préhistoire. Ce fut leur dernière réalisation, puis Art & Magic disparu lors de la fondation en 1995 du studio Appeal par Yves Grolet, Franck Sauer et Yann Robert. Ce studio créa notamment sur PC « No Respect » pour OCEAN ou le fameux « Outcast » en 1999 pour Infogrames. Après le dépôt de bilan de la société en 2001 alors que le studio bossait sur Outcast 2, l'équipe d'origine se séparent. Yves Golet fonde en 2001 le studio Elsewhere Entertainment devenu depuis 10tacle Studios Belgium, Quand à Franck Sauer il fonda en 2004 avec Yann Robert la société Fresh3D.
Agony fait partie de ces jeux qui ont marqués tout possesseur d'Amiga. Mélange poétique dans un univers en plein chaos, bénéficiant d' une réalisation magistrale et de symphonies sublimes, cela en fait une oeuvre à part des autres shoot'em up. On connait tous la qualité des jeux Psygnosis mais force est de constater et avec le recul que même si ce n'est pas le meilleur shoot'em up de l'Amiga, c'est une grosse claque et ses graphismes et ses musiques le hisse dans le top 5 des shoot'em up sur cette machine.